Le sommeil a-t-il toujours mauvaise réputation ?

Sommeil / Société

Concernant le sommeil, les mauvaises habitudes perdurent et les nuits restent souvent trop courtes… La faute à d’anciennes croyances et aux idées reçues ? Une prise de conscience générale semble toutefois s’opérer sur l’importance du sommeil tant en termes de productivité économique que de santé publique.

Si de plus en plus de spécialistes et d’études démontrent l’importance du sommeil sur la santé, combien d’entre nous retardons encore, parfois au-delà du raisonnable, le moment du coucher ? Ces comportements en apparence illogiques s’expliquent pourtant par des croyances et idées bien ancrées dans nos inconscients…

 

Sommeil et peurs ancestrales

Depuis toujours, la nuit effraie. Tous les enfants passent, au cours de leur développement, par des périodes un peu difficiles : peur du noir, de s’endormir seul, cauchemars et terreurs nocturnes… À l’âge adulte, ces peurs enfantines laissent place à d’autres soucis. Dans l’obscurité et le silence, les pensées nous envahissent et les angoisses ressurgissent.

On constate d’ailleurs que les croyances anciennes liées à la nuit et au sommeil ne sont guère joyeuses.

Dans la mythologie grecque, Hypnos, le dieu du Sommeil, n’est autre que le frère de Tanathos, dieu de la Mort ! Il vit en outre dans une caverne brumeuse traversée par Léthée, le fleuve de l’oubli. On comprend alors l’association inconsciente entre état de sommeil et de mort, ou la peur de se laisser aller à sombrer dans le sommeil et donc symboliquement dans l’oubli…

Le célèbre Morphée, dieu des Rêves et des Songes parfois représenté avec des grandes ailes silencieuses, a quant à lui le don de changer d’apparence pour se présenter aux mortels sous les traits des êtres qui leurs sont chers. Ces notions de transformation et de perte de contrôle restent sans doute encore ancrées dans l’inconscient collectif. Cela se vérifie particulièrement chez le jeune enfant, qui met en place de nombreux rituels au moment du coucher, manière de se rassurer et de garder un semblant de maîtrise sur son petit univers.

Ces croyances, héritées bien malgré nous et notre esprit rationnel, ne favorisent évidemment pas un endormissement des plus sereins. Et malheureusement, elles ne sont pas les seules fautives à nous retenir d’aller au lit…

 

Le sommeil, ennemi de la productivité ?

C’est qu’une autre vieille idée reste tenace : « dormir, c’est du temps perdu ! ». 

Il est vrai que dans notre société hyperactive, l’amalgame entre repos et fainéantise est vite fait... Les dernières décennies et leur course à la croissance ont largement contribué à répandre l’idée que des nuits courtes favoriseraient la productivité. Forcément, des heures de sommeil en moins, c’est du temps de travail en plus !

Et d’ériger en modèles des hommes et femmes aux carrières et au rythme de vie incroyables... C’est vrai qu’ils existent, ces « courts-dormeurs » à qui 4 ou 5 heures de suffisent, mais ils sont bien peu nombreux à être ainsi programmés biologiquement : moins de 6% de la population. Pour tous les autres, une carence en sommeil fait drastiquement chuter capacité d’apprentissage, concentration et créativité. Et ce, même à court terme : au bout de 17 heures d’éveil, les performances cognitives et motrices d’un individu sont les mêmes qu’avec 0,5 grammes d’alcool dans le sang ! Ces employés zélés songeraient-ils seulement à se rendre au bureau après quelques verres de trop ?!

Plus de sommeil, plus d’efficacité !

Heureusement, le discours ambiant commence à changer et même au sein des entreprises, ces comportements finissent par inquiéter. À raison, puisqu’ils génèrent absentéisme, maladies et burn-outs chez des salariés épuisés. Une récente étude menée aux États-Unis estime que ce manque de sommeil généralisé ferait en réalité perdre 411 milliards annuels à l’économie américaine. On est loin du but recherché…

Exit l’idée du « dormir moins pour travailler plus », place au « dormir plus pour travailler mieux » !

On voit désormais apparaître, aux États-Unis et en Europe, de nouvelles habitudes de travail. Horaires plus souples et adaptés au rythme de chacun, salles de repos confortablement aménagées, pauses et siestes encouragées… D’heureuses initiatives lancées par les entreprises elles-mêmes, désormais conscientes qu’un salarié reposé est un salarié plus efficace. Du 100% gagnant-gagnant !

 

Le sommeil, un nouvel enjeu de santé publique

Depuis plusieurs mois, le sommeil devient un sujet qui intéresse de plus en plus de monde et dont les grands médias s’emparent de plus en plus souvent.

 

Les statistiques parlent d’elles-mêmes :

  • 1 Français sur 3 est concerné par un trouble du sommeil, selon l’INSERM 

  • 45 % des 25-45 ans considèrent qu’ils dorment moins que ce dont ils ont besoin (source : INVS)

  • 73 % des Français prétendent se réveiller au moins une fois par nuit environ 30 minutes (source : INVS)

Bref, les problèmes lié au sommeil concernent tout le monde : les enfants, les parents ou les grands-parents !

Cependant, l’impact sur la santé d’un sommeil de mauvaise qualité n’est pas neutre : de nombreuses études démontrent les conséquences néfastes du manque de sommeil ou d’un sommeil de mauvaise qualité sur la santé, favorisant des maladies chroniques graves comme l’hypertension, le diabète, l’obésité, la dépression, ....